Dans une étude centrée sur la controverse concernant l’impact de l’inceste, nous avons postulé que les conséquences cliniques (a) n’étaient pas le seul fait d’un dysfonctionnement familial, (b) peuvent ne pas apparaître au cours d’une évaluation globale et (c) sont démontrés lorsque des aspects bien spécifiques du fonctionnement sont examinés. Les hypothèses ont été testées dans un échantillon clinique de 57 filles, âgée de 8 à 14 ans, issues de familles à problèmes multiples, ayant vécu un inceste dans la moitié des cas. La « Child Behaviour Check List” (CBCL; Achenbach et Edelbrock, 1979), le « Piers-Harris Self-Estee, measure” (1984) ainsi que le « Harter and Pike Self-Competence Scale” (1984) ont été effectués. Des questionnaires et des interrogatoires semi-structurés ont été conduits aussi bien avec les enfants qu’avec leurs cliniciens. Les dossiers ont également été analysés. Comme prévu, il n’y avait pas de différences dans les évaluations globales (CBCL). Cependant, dans des domaines spécifiques, les jeunes filles ayant été victime d’un inceste présentaient de façon significative une estime de soi plus pauvre, plus de relations perturbées avec leur mère, plus de comportements sexués et plus d’auto-agressivité que les jeunes filles non abusées sexuellement issues de familles dysfonctionnelles. L’impact de l’inceste sur les enfants prépubères est donc largement sousestimé.